RECIT DU DRAME DES MARTYRS DU 11 JUIN 1944

La tragédie des sept jeunes résistants fusillés par les Allemands a marqué l’histoire d’HAPLINCOURT.

Après le débarquement des alliés en Normandie le 6 juin 1944, les mouvements de résistance étaient mobilisés. Les résistants du groupe Artois reçoivent l’ordre de départ pour se rassembler afin de gagner le maquis des Ardennes. (Ce n’est que bien après la libération qu’on apprit que cet ordre de départ émanait de la BBC qui la veille du débarquement avait diffusé le message «  la sirène a les cheveux longs décolorés », signifiant ainsi que les résistants du groupe Artois et de la région des Mines devaient se préparer en vue d’un départ dans les Ardennes pour désorganiser les arrières ennemies.)

Plusieurs groupes partiront jour après jour à partir du 6 juin 44 vers des lieux de rassemblement comme le bois de Bourlon, la maison forestière du bois d’Havrincourt… La villa de campagne de Mr Chevalier, instituteur à Arras, située en hauteur à l’entrée du village d’Haplincourt en venant de Bapaume était un lieu de ralliement des résistants mais le mouvement de certains d’entre eux en direction de Cambrai, n’avait  pas échappé à la vigilance des Allemands. Des avions de reconnaissance sillonnaient le secteur et le secret du mot d’ordre s’était ébruité. Le 11 juin 1944 à 20 H 45, des soldats allemands s’arrêtent devant la maison, l’encerclent  et ouvrent le feu. Les résistants à l’intérieur ripostent par un lancer de grenade. Les allemands forcent l’entrée de la maison. Ils sont beaucoup mieux armés, plus aguerris que les résistants. Michel Baillon réussit à fuir mais est abattu dans le jardin. Paul Petit grièvement blessé réussira à s’échapper avec l’aide d’un camarade mais décèdera le lendemain. Les occupants de la maison sont alors faits prisonniers, ils sortent mains sur la nuque et sont  alignés sur la route. Ayant saisis quelques bribes des Allemands, ils comprirent qu’ils allaient être fusillés, ils tentent alors de s’échapper. Les soldats allemands ouvrent alors le feu sur les résistants : Henri Saramagna, Raymond Mortreux, Roger Vasseur sont abattus. Jean Dubus et Roger Level sont grièvement blessés. Les Allemands les abandonnent  pressés d’emmener les autres prisonniers à Arras. Jean DUBUS et Roger LEVEL  seront alors emmenés à la mairie et soignés courageusement  par des habitantes du village. Le lendemain, ils seront transportés à l’hôpital de Bapaume où Roger LEVEL  décèdera. Jean DUBUS fut admis à la clinique Bon Secours à Arras, il survivra à ses graves blessures jusqu’au 28 décembre 1944. Il  eut néanmoins  la joie de connaître la libération. Il fit le vœu de voir s’ériger un monument à Haplincourt à la mémoire de ses camarades. Son vœu fut exaucé  et ce e monument fut  érigé grâce à la jeunesse d’Haplincourt le 14 juin 1946 .

Chaque année, une messe est célébrée à l’intention des jeunes martyrs suivie d’une cérémonie au monument des martyrs… Les aînés, toujours fidèles à la cérémonie, sont encore témoins aujourd’hui du climat d’angoisse, de peur qui régnait dans le village après le drame.

Aujourd’hui, l’association du Souvenir des martyrs du 11 juin 44 qui participe à l’organisation de la manifestation conjointement avec la municipalité  a été renouvelée : Odile HIEZ, Paul HOMBERT, Caroline MACHON Marie-Agnès TRUFFAUX , Christiane WARAMBOURG composent le nouveau bureau. L’association a vocation  de perpétuer le devoir de mémoire et d’assurer la transmission du souvenir  aux jeunes générations, elle a également élargi ses statuts pour s’intéresser au patrimoine culturel du village et de contribuer à sa valorisation.

Odile HIEZ d’après le récit d’Alfred Gozzo

L’église d’Haplincourt


On possède dans les archives de l’église un titre de fondation de service religieux de 1504 par Robert d’Habarcq. L’église existante fut démolie vers le milieu du 18è siècle pour cause d’insuffisance d’espace et rebâtie en 1872 ainsi que le presbytère. Cette église avait 3 nefs, le clocher était composé d’une tour carrée flanquée de quatre puissants contreforts aux angles. Cet édifice fut le plus beau monument du canton. Son clocher était surmonté d’une flèche élevée, il contenait trois belles cloches, une seule fut conservée, les deux autres ayant été réquisitionnées et fondues en 1792.

Le 14 juin 1785 eut lieu la confirmation de 58 garçons et filles d’Haplincourt et des communes voisines par l’archevêque de Cambrai.
Détruite en 1914, cette église fut reconstruite dès 1920, mais jugée trop petite, une seconde église fut édifiée rue Martin Tonnelier.
Le presbytère et l’église Saint-Nicolas actuels furent construits sur un terrain appartenant au baron Du Quesnoy. Acheté par la commune en 1929, cet édifice mesure 42 mètres de haut, elle est de style gothique et possède de nombreuses statues et vitraux payés par des familles du village. Les stèles, la chaire et le confessionnal ont été fabriqués dans l’atelier de menuiserie de Jean Théron. La cloche sonne le do et pèse 1 tonne.
De nombreux prêtres ont résidé à Haplincourt : les abbés Décaudin, Prin, François, Canesson, Richard, Capelle et enfin l’abbé Queste qui donna son nom à la place de l’église en 2020

L’histoire d’Haplincourt

En cette période de confinement, nous vous proposons de la lecture et nous vous invitons à découvrir l’histoire de notre village :

Le nom HAPLINCOURT est d’origine romane, il date du moyen-âge et signifie « Chaumière dans le jardin », appelé Hapelencourt en 1076, puis Haplencourt en 1162 et enfin Haplincourt en 1206.
Bourg proche de la forêt d’Arouaise, défriché peu à peu par les Gaulois, il fut très vite mis en culture et nourrissait plus de 1000 habitants en 1200…
Dans les archives, on trouve des noms connus : Le chevalier Was, sir d’Haplincourt et pair de France, le seigneur du village et son fils furent tués à Azincourt ; Claude d’Habarcq et Pierre de Béihencourt (vers 1530) ; le baron des Marches ; les barons de Wasservas (1760) et Du Quesnoy furent seigneurs d’Haplincourt.
Le village eut à souffrir de grands maux par suite des guerres du
16è siècle et fut mis à feu et à sang en 1554. Il connut l’occupation sous Charles Quint et des souterrains, des puits furent construits, une entrée et des affaissements subsistent…
En 1790, Haplincourt fut érigé en chef-lieu de canton. Vers 1852,
le baron Du Quesnoy fit don à la commune d’une belle maison pour y installer une école dirigée par des frères (Elle se situait dans les jardins de la commune. A cette époque, 140 ouvriers tissaient le coton et la soie. On confectionnait aussi suivant les modes des colliers et des boas de plumes, on travaillait la mousseline et le crin… Beaucoup d’hommes et de femmes travaillaient dans les champs ou cours de ferme (journaliers, ouvriers de charrue…)
Puis vinrent les grands malheurs : en 1870, le village fut occupé par les prussiens et le canon tonna, la population subit les réquisitions, les contributions de guerre. En 1914, comme toutes les communes situées à l’arrière du front de la Somme, Haplincourt fut rasé et entièrement détruit. Seuls, quelques pans de mur, la belle chapelle funéraire de style gothique des barons de Werssevas et du Quesnoy qui domine le bel espace vert qui longe la rue de la Croix ainsi que la chapelle de l’Ave Maria, route de Bapaume, restèrent debout. Après la guerre, des baraquements, des demi-lunes en tôle remplacèrent les habitations en attendant la reconstruction commencée en 1920.
Puis vint 1940 avec son cortège d’humiliations, de privations, de peurs, de séparations et personne n’oublie la terrible nuit du 11 juin 1944 où sept jeunes résistants tombèrent sous les balles allemandes. Leurs noms sont gravés sur le monument du souvenir érigé à l’entrée du village en 1946 par la jeunesse d’Haplincourt…

D’après le récit de Marie-Claire Théron

Émouvante cérémonie du souvenir des martyrs du 11 juin 1944 à Haplincourt

Cérémonie émouvante ce dimanche en présence du sous-préfet, du président de la communauté de communes, du capitaine de gendarmerie, des maires des villages des résistants, des élus d’Haplincourt autour de Mr Gozzo, dernier survivant de cette tragédie qui a marqué à jamais l’histoire de notre village. Après la messe à l’intention des sept jeunes martyrs, le cortège s’est déplacé vers la stèle située à l’entrée du village, à l’endroit même où sont tombés les résistants le 11 juin 1944. De nombreux Haplincourtois avaient fait le déplacement, certains étaient de jeunes enfants à l’époque du drame mais se souviennent encore du climat pesant qui régnait à l’ époque dans le village au lendemain du massacre d’Oradour-sur Glane. Mr Gozzo et Mr Flahaut ont souligné  le courage des Haplincourtois et du maire de l’époque Noël FRASSAINT  qui ont secouru les blessés au péril de leur vie… Des enfants du village  ont participé activement à la cérémonie et perpétuent ainsi le devoir de mémoire.

La cérémonie s’est clôturée par un buffet campagnard à la salle des fêtes offert par l’association du Souvenir des Martyrs qui organise cette manifestation chaque année en lien avec la municipalité.  L’occasion pour l’association, qui a élargi ses statuts à la valorisation du patrimoine, d’exposer ses différentes actions…